mardi 22 novembre 2011

Mademoiselle Bordeleau

À gauche, mon petit moi-même, du temps où l'on habitait l'Ile St-Jean et que ma cour se terminait par de l'eau. L'image doit dater de 1978 ou 1979.

À droite, ma fille, à l'ile de la Visitation  l'été dernier, soit en 2011, un bon trente ans plus tard.

Alors que nous marchions, mon fils, ma fille et moi sur l'ile comme nous le faisons si souvent, je me suis rappelée cette photo de moi, prise par mon père et que  j'aime tant, et j'ai décidé d'en prendre une similaire avec ma fille. Juste comme ça.

Maintenant que je les regarde côte à côte, plein d'images et d'idées me viennent en tête. Tout d'abord, je me dis que ma fille est née dans un monde bien différent du mien. Quand j'étais petite, je ne rêvais pas d'être une star juste pour être riche et connue, je rêvais d'être comédienne parce que c'était LE métier qui faisait briller mes yeux quand j'y pensais. Petite, je ne me demandais pas si j'étais sexy, je ne connaissais même pas ce mot. Je ne me demandais pas si on était riches ou pauvres, je ne manquais de rien et ça me suffisait amplement. Surtout, je ne manquais pas d'amour ni d'attention. Je me sentais spéciale, intelligente, appréciée et je me savais au sein d'une belle famille, même une fois cette famille séparée.


Nos enfants sont venus dans notre monde mais celui-ci n'a pas cessé de changer, encore et encore. Par conséquent, les enfants aussi. Ma fille m'a réellement demandé, vers 6 ans, si je la trouvais sexy. Sa question sous-entendait clairement qu'elle espérait l'être, pour ajouter à mon désespoir. Mon fils, quant à lui, s'est interrogé sur notre statut social et économique vers 7 ou 8 ans, ayant peur que nous ne soyons pauvres comme il le disait. J'ai du lui expliquer qu'au contraire nous sommes riches, mais pas pour les raisons qu'il croit. Mes enfants ne savent pas encore réellement ce qu'ils veulent faire de leur vie, dans un monde où le réel accomplissement semble passer par la gloire et la richesse. Autres temps, autres mœurs.  À nous, parents, de leur démontrer que l'amour véritable ne se trouve pas dans les télé-réalités, que la beauté ne se père pas en kilogrammes ni en mensurations, que d'aider son prochain ce n'est pas nécéssairement de débarquer chez lui avec une équipe télé, 2 camions et 25 personnes pour refaire sa cuisine et que l'appréciation d'autrui ne se résume pas qu'à cliquer "J'aime" sur les réseaux sociaux.

Mais certaines choses ne changent pas, du moins pas encore. Une petite fille accotée sur un majestueux arbre, contemplant le bord de l'eau, ça demeure à mes yeux beau, touchant et vrai. Peu importe le prix, le poste, la grosseur, la valeur ou l'année. c'est beau. Point.

Je prends donc une seconde pour remercier la nature. La nature qui malgré les grands efforts que déploient les humains pour en devenir maître, continue d'être plus puissante que nous tous, tout en demeurant toujours aussi éblouissante, surprenante et simple. On a beau essayer, la nature elle ne change pas. C'est dans sa nature :)

J'espère qu'un jour ma fille, si elle en a une à son tour, prendra une photo similaire. J'espère qu'elle arrivera à trouver du temps dans un monde où il nous échappe, à trouver un bel arbre sur le bord de l'eau et qu'elle saura, elle aussi, capturer la nature et son enfant, soit un amalgame de tout ce qu'il y a de plus beau sur cette planète. Pas pour rien qu'on dit Mère Nature. C'est notre mère à tous et il ne faut jamais oublier de la visiter et de l'apprécier. C'est la seule qu'on a, après tout!

5 commentaires:

  1. Quel beau billet rempli de belles valeurs. Tu démontres bien par ce petit texte, ce que tu veux transmettre à tes enfants. Très bien écrit;)

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  2. Merci Michèle, ça fait plaisir de lire ça :)

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  3. Chère Anne-Marie,

    Ton texte est magnifique et il m'a beaucoup touché. À moi aussi, cette photo me rappelle plein de souvenirs chaque fois que je la regarde: fierté d'un père qui voit sa charmante fille rêver elle aussi devant un paysage magnifique, souvenirs d'une époque révolue mais où j'étais émerveillé de voir mes enfants grandir et évoluer... Avec ton texte et la photo que tu as prise, ce plaisir est non seulement renouvelé, mais enrichi puisque ton texte prouve une fois de plus que les valeurs peuvent encore être transmises d'une génération à l'autre et que l'on peut avec raison continuer à rêver.
    Bravo et merci!

    Ton papa qui t'adore.

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  4. Très beau texte Anne-Marie et belles photos. Et ton papa qui semble ému...
    Sophie M.M.

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  5. Le premier commentaire de mon papa sur mon blogue, c'est touchant :)
    Oh là je suis émue!

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