lundi 25 mars 2013

S'en mêler ou ne pas s'en mêler : là est la question.

Dimanche matin, je suis allée déjeuner en ville avec une amie. Alors que nous retournons à la voiture, nous croisons cette mère et sa petite fille en plein crise. La petite ne veut pas mettre son manteau et faire une crise qui donne plus l'impression que sa mère veut lui faire boire de l'huile de foie de Morue et lui donner 143 vaccins que simplement enfiler un manteau. Mon instinct, dans ce genre de situation, c'est d'arrêter et d'essayer de faire sourire la petite, de tenter de négocier, de donner une pause à la maman, de faire ce que je peux, parce qu'en tant que mère, qu'ex-monitrice et même juste en tant qu'être humain, je sais qu'on a parfois besoin d'un petit coupe de pouce et que les enfants sont notre responsabilité à tous. Toujours.




Dans certains villages africains n'importe quel adulte a le droit et même le devoir de prendre part à l'éducation des enfants du village. "It takes a village to raise a child" (il faut un village entier pour élever un enfant) comme le dit le proverbe de ce grand continent. J'ai appliqué cette façon de voir les choses à maintes reprises tout au long de ma vie. Je me sens toujours "appelée" par les enfants et ils me le rendent bien, qu'ils soient les miens ou pas. Ma mère était comme ça, je suis comme ça et je vois déjà que ma fille sera pareille. Mais mon instinct je l'étouffe de plus en plus et c'est malheureusement ce que j'ai fait dimanche matin. Pas parce que je ne me sentais pas concernée, pas parce que j'étais insensible à la situation mai bien parce qu'avec le temps j'ai réalisé que d'agir ainsi est de plus en plus mal vu, voire dangereux.

Alors qu'auparavant cette approche était considérée comme amicale, salutaire ou emphatique, de plus en plus de gens la considèrent désormais comme un affront personnel, un jugement ou une critique. Je me suis déjà fait dire " De quoi je me mêle?!" ou encore " J'éduque mon enfant comme je veux t'es qui pour me dire quoi faire?". Après avoir signalé à un enfant qui s'amusait à intimider tous les plus petits que lui dans un parc à balles en lui faisant remarquer que justement, moi j'étais plus grande et plus forte que lui, je me suis fait traiter de B*ch par sa mère devant tout le monde quand elle a su que j'avais osé défier son fils de continuer d'être un mini-tortionnaire sous mes yeux. J'ai vite compris d'où cet enfant tenait sa belle délicatesse...

Donc dimanche, je me suis mêlée de mes affaires comme on dit. Mais j'ai regretté. Regretté de ne plus pouvoir prendre part à l'éducation des adultes de demain, particulièrement parce que ceux que je croise dans un magasin ou une file d'attente me font souvent peur et/ou honte. Comme je l'ai déjà dit en spectacle, certains parents ont tellement peur du jugement des autres qu'ils ne sont plus capables d'en avoir eux-mêmes. Et ça, côté éducation, ça donne ce que ça donne.. On est à l'époque où quand l’enfant a de mauvaises notes, c'est le prof qu'on remet en question. L'époque où l'on blâme les restaurants pour l'obésité de notre progéniture. C'est toujours la faute de tout le monde mais personne n'a le droit de s'en mêler. Ça regarde mal comme on dit.

Et vous, vous faites quoi dans ce genre de situation?

2 commentaires:

  1. Je pense surtout que dans chaque situation il y a deux côtés de la médaille. Une fois une dame passait devant chez moi et m'a dit qu'elle allait appellé la DPJ parce que j'avais laissé fiston de 3ans 1/2 seul deux minutes devant chez moi (il faisait une crise de terrible two's et j'avais la petite de 6 mois dans les bras donc ne pouvait le prendre et le monter chez moi, donc suis allée porter la petite dans les bras de son papa, suis redescendue chercher fiston et me suis fait traiter de mère indigne par la psy de la rue! Pas fort, on fait ce qu'on peut des fois. Aussi quand un enfant fait une crise dans un magasin, des fois je trouve que c'est pire quand d'autres s'en mêlent car ils donnent plus d'attention au petit qui n'en a surtout pas besoin de plus. Pas facile de juger quand c'est bon d'intervenir et quand ce l'est moins quand on a pas été là depuis le début. Mais je crois aussi que cela prend un village pour élever un enfant. Mais je trouve aussi qu'une mère à bout (pas qui va battre son enfant, mais qui est fatiguée des crises de son enfant) n'a pas besoin de se faire faire la morale par une voisine, mais si la voisine lui offre de monter ses sacs d'épicerie pendant qu'elle "deal" la crise, je trouve que c'est aidant.
    AniSara

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  2. Eh bien, malgré ce que les parents pourraient me dire, lorsque je vois un enfant faire du mal, je m'en mêle. Lorsque j'en vois un faire une crise de nerfs à sa maman ou son papa dans un magasin, je regarde le parent, je pointe du doigt le petit diablotin et je demande si je peux aider. Souvent on me répond oui.

    Mais comme prof, je dois dire qu'il arrive quelques fois qu'un parent soutienne son enfant lorsque j'écris un message. Par contre, heureusement, il n'y en a pas tant que ça. Remarque, je ne travaille pas dans un quartier où il y a des parents "trop" cultivés qui pensent en connaître plus que moi... Je plains ces enseignants qui sont pris avec ce genre de parents et leurs enfants qui savent très bien qu'ils ont leurs parents derrière eux. Aïe ! Ça c'est l'enfer !

    Geneviève

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