L'expérience.

Même si c'est encore mon bébé, mon fils aura bientôt 14 ans et je dois me faire violence pour lui pousser un peu plus dessus et le responsabiliser davantage. S'il n'est pas responsable tant que ça, c'est entre autres parce qu'il a un petit côté paresseux mais à d'autres moments, je ne lui donne tout simplement pas le temps d'avoir de l'initiative et en fait trop à sa place.

Vendredi dernier avait lieu sa première période hebdomadaire de badminton très tôt à l'école. L'an dernier, je me levais avec lui et l'emmenais à l'école si je le pouvais, les autres fois, je restais tout de même avec lui jusqu’à son départ. Mais cette année, je lui ai expliqué qu'à près de 14 ans, il pouvait très bien se lever, se faire à déjeuner et aller à l'école comme un grand et arriver en temps. Je me lèverais peut-être mais il ne devait pas compter là-dessus.
"Pas de problème maman!" qu'il me dit. Il n'aime pas l'idée de se lever si tôt, mais celle d'être maître de son matin ne lui déplaît apparemment pas non plus.

Bien entendu, je me suis réveillée 5 minutes avant son réveil, histoire de m’assurer qu'il se réveille en temps, mais je n'ai pas dit un mot et suis restée dans mon lit. Je l'ai entendu se préparer, déjeuner, puis partir mais je n'ai pas bronché. Deux minutes après son départ, je l'entends qui revient et qui repart, il a dû oublier quelque chose mais je résiste à l'envie de me lever et je ne bouge toujours pas, je suis quasiment stoïque.

En me levant quelques minutes après son départ, je vois que le sac d'école, la raquette de badminton et la boîte à lunch sont disparus, je me dis que c'est bon signe. Mais c'est en ouvrant le frigo que j'ai compris que la journée serait longue pour mon grand. Son repas était là, en plein milieu du frigo, bien visible, trop visible.

Dans son habitude, mon fils a juste pris la boîte à lunch, celle qui est toujours prête pour lui le matin quand on part tous ensemble. Mais je n'allais pas laisser sa boîte à lunch pleine de nourriture sur le comptoir toute la nuit, il me semblait évident qu'elle était vide (si légère!) et qu'il n'avait qu'à prendre son plat, là, en plein milieu du frigo, presque avec un écriteau disant "Lunch"! Mais non, il a pris la boîte vide et est parti. J'ai bien évidement eu l'envie de courir à l'école lui porter son lunch, puis je me suis dit qu'en ayant un peu faim, j'étais certaine que la prochaine fois, il prendrait la peine de vérifier s'il avait vraiment tout ce qu'il lui faut pour la journée.

Oui, j'ai culpabilisé un peu, mais je me suis consolée en me disant qu'il n'y a rien comme l'expérience pour apprendre et se souvenir. Une expérience, personne ne peut la vivre à notre place. Et 14 ans, c'est l'âge des premières expériences.


Ouch! Juste en écrivant cette dernière phrase il m'est poussé 2-3 nouveaux cheveux blancs !