Je vous imagine déjà en train de vous dire « La Gomili? Mais qu’est-ce que c’est que ça? » Et avec raison! Je me suis demandée la même chose quand ma fille m’a présenté le surprenant livre affublé de ce titre!
Je vous remets donc en contexte : petit samedi avant-midi, je fais la cuisine en prévision de la semaine et ma fille m’implore de la laisser regarder la télévision. Comme je trouve qu’elle s’est assez collée le nez dessus pour la journée, je la convaincs plutôt de rester avec moi dans la cuisine et de s’installer pour dessiner, bricoler, faire aller son imagination quoi! Après une heure ou deux, alors que j’avais presque terminé de cuisiner, ma fille m’annonce qu’elle a quelque chose à me montrer. Bien que je l’aie vue découper, coller, brocher, colorier et s’affairer comme une grande, je ne me doutais pas de ce qu’elle allait me présenter. Et c’est là qu’elle m’a mis entre les mains le seul et unique exemplaire du livre « La Gomili ».
Je lui ai tout d’abord demandé ce que c’était que La Gomili, et elle m’a répondu, du tac-au-tac « Ben, mon livre! »
J’ai feuilleté La Gomili et j’ai bien failli verser une larme! Ma grande a d’abord découpé du papier construction de différentes couleurs qu’elle a ensuite plié en deux et broché au milieu comme je le lui avais montré des mois auparavant. Chacune des pages de gauche était illustrée alors que celles de droite étaient remplies de textes. Une page couverture et un dessin sur l’endos complétait le tout.
Je me suis vite mise à lire, émerveillée par la débrouillardise et l’imagination de ma fille de six ans. Il faut spécifier que ma cocotte, qui vient tout juste d’entrer en première année, a commencé à lire et à pseudo-écrire depuis un moment. Je dis « pseudo » puisque ma fille écrit phonétiquement, n’ayant pas encore appris comment le faire de la bonne façon. Ainsi débute l’histoire :
« Y letai tune foua un prince é une princess… » Notre cerveau n’étant pas habitué à lire autre chose que ces mots que nous connaissons si bien, il me fallait m’y reprendre de deux à trois fois pour chaque phrase avant de comprendre et chaque fois, je m’enchantais de voir que ma fille avait trouvé le moyen de rendre son idée, sans pourtant avoir tous les outils encore habituels pour le faire. Et que dire des dialogues?
« Le prince di ala princess coman sa va? Elle repon pa pire, toi? Pa pire ossi. »
Charmant que je vous dis! Ajoutez tous ces jolis dessins, faits avec tant de soins et illustrant chacun des textes, je vous le dis, j’étais carrément émue. Puis je me suis dit que toutes ces soirées à lire avec elle, ou encore ces matins à s’inventer des histoires, n’avaient pas été que fabuleux, ils avaient aussi été fructueux. La Gomili, c’est une enfant qui a décidé de laisser aller son imaginaire plutôt que d’aller s’asseoir devant l’imaginaire de quelqu’un d’autre.
Et c’est le plus beau livre que j’aie vu ou lu de toute ma vie.
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