mardi 4 octobre 2011

L'enfance volée.


J'ai eu l'honneur d'être la présidente du jury (courts et moyens-métrages) au Festival de Film Black de Montréal cette année. Un honneur et une joie qui se sont ajoutés à tous ces merveilleux films (27!!!) que mes jurés et moi avons visionné mais surtout dû juger afin de déterminer des gagnants. Des choix déchirants. Mais le mal en valait la peine, car tous ces films nous ont permis de voyager, d'être sensibilisés, choqués, bouleversés et oui, on a tous pleuré. Mais le comble de l'émotion eut lieu dimanche soir, lors de la soirée de clôture durant laquelle fut présenté le film I am slave. Déjà au visionnement de la bande-annonce, j'avais les yeux pleins d'eau. Le film comme tel m'a tout simplement démolie. Une histoire triste et révoltante, mais surtout, une histoire vraie parmi tant d'autres.


Le film raconte l'histoire d'une petite fille de 12 ans, princesse au sein de sa tribu, enlevée puis vendue comme esclave à une riche famille de diplomates. Et par esclave, je veux bien dire esclave. On ne parle pas que de laver les planchers ici. Du jour au lendemain, la petite aspirante à la couronne n'a plus le droit de regarder les adultes dans les yeux, respect au maître! On la traite de petit singe, on la bat, on la fouette, on l'enferme dans le noir pendant des jours ou la prive de nourriture pour lui donner une leçon, on la menace d'assassiner sa famille si elle tente de fuir. Un enfer. Un enfer qui dura de ses 12 à 18 ans pour cette princesse enchaînée.

Comme le disait si bien le réalisateur, à la réception de son prix si mérité pour le Meilleur film, :
" Vous le savez comme moi, de 12 à 18 ans, on goûte à la liberté. On commence à prendre ses distances par rapport à ses parents, on commence à avoir sa propre vie, etc. Cette enfant est devenue esclave au moment même où elle devait goûter à cette liberté. On lui a volé la fin de son enfance et toute son adolescence. Et ça ne se passe pas sur une autre planète ni il y a des siècle. Ça se passe aujourd'hui, ici, partout." (traduction libre)

J'aimerais vous dire de courir aller voir ce film. Mais je ne le peux pas, puisqu'aux dernières nouvelles, personne ne voulait le distribuer. Pas facile de convaincre qui que ce soit de distribuer un flm dont le protagoniste est noir, c'est un fait connu. Et un enfant, de surcroît? Non, personne n'a envie de voir ça paraît-il.

Qu'est-ce qui est le plus désolant dans tout ça? Qu'on fasse semblant que ça n'existe pas... ou que ça existe encore?

Voici la bande-annonce du film. En espérant qu'il sortira au moins en DVD et que nombreux seront ceux qui auront le courage de regarder cette vérité en face. Connaîtrons-nous le jour où pas un enfant n'aura à dire, peu importe dans quelle langue : "Je suis un esclave!!" ???

2 commentaires:

  1. Pas facile de parler d'enfance maltraité et d'avoir des oreilles pour écouter mais surtout des yeux pour voir... Avec grandirensecurite.com c'est notre plus gros défi : Ouvrir les yeux des gens !!!

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  2. eErci beaucoup Hélène pour ce lien que je ne connaissais pas mais que je vais très certainement visiter avec ma fille dans les prochains jours! :)

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