samedi 7 mars 2009

Maman, est-ce que c'est ta fête?




En ce 8 mars, beaucoup de mamans n'y échapperont pas et se feront poser la question
"Maman, pourquoi il y a une journée de la femme?".

Les petits snorros de ce monde pousseront même jusqu'à oser demander
"Et pourquoi, alors, qu'il n'y a pas de journée de l'homme?"

De grâce, ne leur pétez pas leur bulle en leur répondant que c'est parce que les hommes ont les 364 autres journées.


Et si j'étais sérieuse?! Parce que oui, ça m'arrive !

Eh bien je dirais que je comprends pourquoi nous avons une journée de la femme... et que je ne comprends pas.

Je comprends que c'est entre autres une façon de se rappeler que les femmes n'ont toujours pas droit aux mêmes statuts ni privilèges que les hommes, malgré les progrès. Mais si on se compare aux endroits dans le monde où la femme est encore reléguée au rôle de boniche et d'éleveuse d'enfant, devrait-on se consoler, ou plutôt crier haut et fort, encore une fois qu'il faut que ça cesse?

Je ne comprends pas à quoi est supposée servir cette journée. On se félicite d'être des femmes? On fait des soupers de filles et on vante nos œstrogènes, on boit un peu trop puis on chiâle contre les maudits hommes et on termine ça avec un p'tit digestif tout en brûlant nos soutiens-gorges?

Permettez-moi de douter du bienfait d'une telle soirée. Ou journée.
À mon sens, c'est un peu comme la St-Valentin. S'il faut à quelqu'un une journée spécifique pour acheter des fleurs, écrire des mots doux et souligner l'amour pour l'être aimé, c'est bien, bien, triste.

Oui, je suis féministe à mes heures. Faire de l'humour, de la tournée, des bars et tout ce qui vient avec dans un métier, avouons-le, de gars, ça endurcit sa femme comme on dit. J'ai plus d'une fois dû rappeler que j'étais plus qu'une jolie blonde, que, oui, j'écrivais mes textes moi-même et que, non, malgré le nombre de shooters qu'on me paierait, je ne coucherais pas. J'ai souvent eu à prouver que j'avais droit à ma place autant qu'un autre gars tant que je faisais mon métier comme il le fallait.

Non seulement je suis féministe, mais je suis la fille d'une féministe aguerrie et fière de l'être. J'ai appris très tôt qu'être une femme n'était pas une tare mais que, oui, le combat serait parfois et souvent plus difficile à mener.

Être une femme, ici au Québec en 2009, c'est être terriblement chanceuse sur tant de plans. Mais à s'être tant battues et prouver qu'on était fortes, égales et indispensables, on a perdu un peu de cette fragilité qui nous était propre. Ou, à tout le moins, on la cache plus qu'on ne la montre.
Peut-être qu'un jour on pourra être aussi femme que féministe?


En attendant, j'anticipe la question de mes enfants et résisterai à l'envie de répondre:
"Pourquoi les hommes n'ont pas leur journée à eux? Ben voyons, eux ils ont les vacances de la construction!".

3 commentaires:

  1. J'adore! Je n'y avais pas pensé à celle-là! J'ai hâte de te voir sur scène demain... t"es en feu!

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  2. Super texte, bravo! Tu rejoins mon opinion sur le sujet!

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  3. Je suis aussi très heureuse de vivre au Québec et d'y élever ma fille. Cependant je dois avouer que le sort des femmes dans le monde me perturbe souvent et je me dis que cette journée de la femme peut être une bonne journée pour dialoguer de ces acquis que l'on vit ou de ces batailles qu'ils nous restent à traverser. Bonne journée à toi! :D

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